Expositions aux rayonnements ionisants : De quoi parle-t-on ?

octobre, 2022
La radioactivité est un phénomène naturel lié à l’instabilité de certains atomes. Pour acquérir une meilleure stabilité, ces atomes instables, qu’on appelle radionucléides, émettent des rayonnements qui, en interagissant avec la matière, peuvent l’ioniser, c’est-à-dire lui arracher un ou plusieurs électrons. Généralement, un radionucléide émet plusieurs types de rayonnements ionisants à la fois (alpha, bêta, gamma, X ou neutronique). La radioactivité peut provenir de substances radioactives naturelles (uranium, radium, radon…) ou artificielles (californium, américium, …).

Il existe trois unités de mesure utilisées dans le domaine de la radioactivité :

  • Le becquerel (Bq) qui rend compte de l’activité d’une source radioactive, plus exactement du nombre de désintégration d’un noyau (de matière) par seconde ; 1 Bq = 1 désintégration/seconde
  • Le gray (Gy) qui rend compte de la dose absorbée par un individu. Le Gray représente la quantité d’énergie absorbée par unité de masse ; 1 Gy = 1 Joule/Kg
  • Le sievert (Sv) qui rend compte de l'effet biologique produit sur l'individu par le rayonnement absorbé, on parle de dose efficace (corps entier) et de dose équivalente (dose à un organe).

L’exposition aux rayonnements peut être interne (contamination par ingestion, inhalation de substances radioactives, passage transcutané) et/ou externe par une source à distance ou externe par contact (on parle alors d’irradiation).

Les rayonnements ionisants peuvent provoquer des effets sur la matière vivante. Ces effets sur la santé peuvent être de deux types :  

  • Des effets à court terme, dit déterministes après une exposition aigue (brûlure, nausées, aplasie médullaire, stérilité masculine temporaire, effet tératogène, avortement...), qui apparaissent systématiquement à partir d’une dose seuil et dont la gravité des effets est liée à la dose reçue. Ces effets apparaissent quelques heures ou quelques jours après l’exposition.

 

Tableau 1 : Exemples d’effets dits déterministes suite à une irradiation aiguë en fonction d’un seuil de dose.

Effets

Gray

Diminution temporaire du nombre de spermatozoïdes

0,15

Atteinte oculaire : opacités du cristallin

0,5

Diminution temporaire du nombre de leucocytes

1

Lésions cutanées

1

Stérilité féminine

2,5

Stérilité masculine définitive (3,5 Gy)

3,5

 Atteinte gastro-intestinale

5

Décès par atteinte du système nerveux

15

Source : Dossier sur les rayonnements ionisants de l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS)

  • Des effets à long terme, dits stochastiques ou aléatoires après une exposition chronique (cancers, mutations génétiques…), qui peuvent se manifester quelques mois ou quelques années de façon non systématique après une exposition.  Toutefois, la probabilité d’apparition de l’effet augmente avec la dose. 

Exemples d’exposition chronique :

  • La surveillance des survivants des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki a montré une augmentation de risque de cancers solides et leucémie, notamment à partir d’une dose estimée à environ 50 mSv (Etude Life Span Study (LSS)).
  • Un excès de décès par cancer a été observé chez les mineurs d'uranium par rapport à la population française (La cohorte française des mineurs d’uranium IRSN-Cogema).
  • Des études ont également mis en évidence une augmentation du risque de cancer thyroïdien à partir d’une dose équivalente de 100 mSv chez des enfants traités par radiothérapie (Lubin et al., JCEM, 2017).

La population française métropolitaine reçoit en moyenne une dose de 4,5 mSv/an dont environ les 2/3 sont issus de l’exposition à la radioactivité naturelle. Les sources d’exposition à la radioactivité les plus importantes en moyenne annuelle sont les examens médicaux (34 %) et le radon (33 %).

Ces valeurs dépendent de l’emplacement géographique et du mode de vie, et sont donc à considérer comme un indicateur macroscopique.

 

*Alimentation, boisson…


Exposition moyenne 4,5 mSV/an :

  • 3 mSv : Exposition moyenne par an de radioactivité naturelle pour la population française
  • 1,5 mSv : Exposition moyenne par an d’actes d’imagerie médicale pour la population française

Source : Exposition de la population française aux rayonnements ionisants - bilan 2014-2019 (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN)).


ZOOM SUR LE RADON

De quoi s’agit-il ?

Le radon est un gaz radioactif naturel présent partout mais plus spécifiquement dans les sous-sols granitiques et volcaniques, riches en uranium. Sa concentration est faible dans l’air extérieur mais peut atteindre des concentrations élevées dans des atmosphères confinées, tels que des caves, sous-sols ou pièces de vie de bâtiments mal ventilés et non étanchéifiés.

Quels sont ces effets sur la santé ?

Le radon est un agent cancérogène reconnu. Il s’agit du second plus important facteur de risque du cancer du poumon après le tabac et avant l’amiante. L’exposition domestique au radon serait responsable d’environ 10 % des cancers du poumon, soit 3 000 décès par an¹. Ce risque de cancer est augmenté par l’association tabagisme - exposition au radon.

Comment connaitre la concentration en radon de son habitation ou de son lieu de travail ? 

Il est possible de connaitre le potentiel radon de sa commune en interrogeant le site : Connaître le potentiel radon de ma commune (irsn.fr). L’arrêté du 27 juin 2018 portant délimitation des zones à potentiel radon du territoire français, définit un « zonage radon » à l’échelle de la France et répartit chacune des communes dans les zones 1, 2 ou 3 :

  • Zone 1 : zones à potentiel radon faible ;
  • Zone 2 : zones à potentiel radon faible mais sur lesquelles des facteurs géologiques particuliers peuvent faciliter le transfert du radon vers les bâtiments ;
  • Zone 3 : zones à potentiel radon significatif.

Le potentiel radon d’une commune est évalué selon la nature des sols et leurs capacités à libérer du gaz radon.

En région Provence-Alpes-Côte d’Azur, les Alpes-de-Haute-Provence, Hautes-Alpes, Alpes-Maritimes et Var, ont des communes classées en « zone 3 ».

La concentration en radon en Bq/m3 peut être mesurée en utilisant un dosimètre.

Depuis le 1er juillet 2018, l’employeur doit évaluer les risques liés aux émanations de radon sur le lieu de travail. Si l’activité volumique moyenne annuelle de radon dépasse 300 Bq/m3, il doit mettre en œuvre les actions nécessaires pour réduire l’exposition des travailleurs au radon.

Comment réduire la concentration de radon dans son habitation ou dans son lieu de travail ?

Très souvent, il suffit d’aérer régulièrement les endroits confinés. Dans les cas les plus complexes, il faudra améliorer l’étanchéité des sols et murs, poser des ventilations mécaniques…

Point de vigilance pour les travailleurs

Les personnes travaillant en milieu confiné, souterrain, peuvent être soumises à l’exposition au radon et n’ont pas toujours accès à une surveillance spécifique.

¹ Ajrouche R, Roudier C, Cléro E, lelsch G, Gay D, Guillevic J, Marant Micallef C, Vacquier B, LeTertre A, Laurier ; D. Quantitative Health lmpact of indoor radon in France; Radiat Environ Biophys. ; 2018 May 8

conduite à tenir par risque :