La rhinite et/ou l'asthme professionnel surviennent avec une période de latence dans les conditions habituelles d'exercice du travail. La rhinite est souvent négligée par les patients.
Les principaux symptômes sont :
Les symptômes sont rythmés ou aggravés par les périodes de travail, du moins au début de l’évolution.
Pensez à poser 4 questions sur les symptômes respiratoires de rhinite ou d'asthme :
Un repérage et une éviction précoces au stade de rhinite sont nécessaires, car la rhinite est un facteur de risque de l’asthme professionnel.
À noter :
- la rhinite peut évoluer indépendamment de l’asthme ;
- une fois installé, l’asthme peut évoluer pour son propre compte, même après éviction des facteurs de risque professionnels.
Les rhinites et asthmes professionnels sont induits par :
Devant des symptômes respiratoires nouvellement apparus ou aggravés, rechercher une exposition professionnelle en interrogeant le patient sur les métiers exercés :
Principaux métiers pouvant être concernés | % rhinite allergique professionnelle (RAP) | % asthme professionnel (AP) | Principaux risques | Tableaux |
Métiers dépendant du régime agricole | Tous les agents végétaux et animaux | TRA 45 | ||
Boulangers, pâtissiers | 72 % des RAP | 20% des AP | Farine de blé, de seigle | TRG 66 |
Enzymes | TRG 63 | |||
10% des AP | Latex des gants (via le talc) | TRG 95 | ||
Aldéhydes : glutaraldéhyde formaldéhyde (formol) |
TRG 66 TRG 43 |
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Métiers de la santé | Ammoniums quaternaires | TRG 66 | ||
Coiffeurs | 8% des AP | Produits de décoloration capillaire :
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TRG 66 | |
Personnels de nettoyage | 4-5% des AP | Etiologies multiples : acariens, ammoniums quaternaires des détergents (le spray facilite leur pénétration respiratoire) | TRG 66 | |
Latex des gants | TRG 95 | |||
Travailleurs du bois | 5% des AP | Nombreuses espèces de bois sensibilisantes | TRG 47-A | |
Vernis contenant des isocyanates* | TRG 62 | |||
Formaldéhyde | TRG 43 | |||
Peintres Particulièrement, peintres au pistolet sur métaux (BTP, métallurgie), applicateurs de revêtements de surfaces en résine synthétique |
8% des AP | Résines, peintures, colles, vernis polyuréthanes contenant des isocyanates* | TRG 62 | |
Autres** | Travail en présence de toute protéine en aérosol | TRG 66 | ||
Multiplicité des agents étiologiques (près de 400 au total)** | Autres tableaux non mentionnés ci-dessus |
TRG : Tableau de maladie professionnelle du Régime Général
TRA : Tableau de maladie professionnelle du Régime Agricole
* L’asthme aux isocyanates est un cas d’éviction au poste de travail
** L’enquête professionnelle approfondie relève du médecin du travail. Cependant, le site de l’INRS permet un accès facile aux tableaux de maladie professionnelle par pathologie, par agent en cause ou travaux effectués :
http://www.inrs-mp.fr/mp/cgi-bin/mppage.pl
Titre des autres tableaux non mentionnés |
Régime général |
Régime |
Affections respiratoires provoquées par l’acide chromique, les chromates et bichromates alcalins (rhinite et asthme) |
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Affections de mécanisme allergique provoquées par les amines aromatiques, leurs sels, leurs dérivés (dont rhinite et asthme) |
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Affections professionnelles provoquées par l’arsenic et ses composés minéraux (dont rhinite) |
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Affections provoquées par les phosphates, pyrophosphates et thyophosphates d’alcoyle, d’aryle ou d’alcoylaryle et autres organophosphorés anticholinestérasiques ainsi que les phosphoramides et carbamates hétérocycliques anticholinestérasiques (dont dyspnée asthmatiforme) |
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Affections respiratoires causées par les oxydes et sels de nickel (rhinite et asthme) |
TRG 37bis |
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Maladies engendrées par les bétalactamines et les céphalosporines (dont rhinite et asthme) |
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Affections respiratoires provoquées par les amines aliphatiques, les éthanolamines ou l’isophoronediamine (rhinite et asthme) |
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Affections respiratoires provoquées par la phénylhydrazine (dont rhinite et asthme) |
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Affections professionnelles provoquées par le cobalt et ses composés (dont rhinite et asthme / dyspnée asthmatiforme) | ||
Affections professionnelles provoquées par le furfural et l’alcool furfurylique (dont rhinite et asthme) |
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Affections provoquées par le méthacrylate de méthyle (dont rhinite et asthme) |
TRG : Tableau de maladie professionnelle du Régime Général
TRA : Tableau de maladie professionnelle du Régime Agricole
La maladie professionnelle concerne :
L’accident du travail concerne les accidents aigus respiratoires sur les lieux du travail.
L’asthme aigu au travail dans le cadre d'un accident du travail professionnel survient sans période de latence, dans des conditions d'exposition inhabituelles voire exceptionnelles (accident, incendie, défaut de ventilation) : Syndrome d'Irritation Aiguë Bronchique (SIAB) (en Anglais, RADS pour Reactive Airways Dysfunction Syndrome). Il nécessite un traitement d'urgence, un suivi pneumologique et la rédaction d'un certificat d'accident du travail. Substances fréquemment mises en cause : chlore et dérivés, acides, isocyanates.
Le médecin traitant confirmera la rhinite ou l'asthme, il précisera sa sévérité, et évoquera l'origine professionnelle en collaboration avec le pneumologue, l'allergologue et le médecin du travail.
Rhinite professionnelle | Asthme professionnel | |
Diagnostic clinique : dépister | Rechercher les symptômes (Cf. paragraphe 1) |
Interroger : symptômes variables et réversibles au début |
Diagnostic paraclinique : | ||
Tests | ||
Allergie à des substances de haut poids moléculaire (PM) (principalement protéine animale ou végétale) (Recommandation 9) |
Tests cutanés (PRICK tests) et/ou tests d’IGE - réactivité sérique (RAST, in vitro) |
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Allergie aux substances de bas poids moléculaire |
Test cutanés et RAST inutiles sauf pour les sels de platine et les colorants réactifs |
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Imagerie | Aucun examen d’imagerie n’est justifié en première intention (Recommandation 8) | |
Endoscopie | Rhinoscopie antérieure si : symptômes unilatéraux, diagnostic incertain, échec du traitement initial (Recommandation 7) | |
EFR | EFR recommandée chez les sujets à haut risque d’asthme professionnel (Recommandation 12) | EFR |
En cas de difficulté de diagnostic étiologique | Eventuel test de provocation nasale spécifique en centre spécialisé (Recommandation 10) | Pneumologue* : mesure de l'hyperréactivité bronchique non spécifique, test de provocation bronchique spécifique réaliste, recherche d’une inflammation mesure du NO exhalé, de l’éosinophilie de l’expectoration.... |
* Possibilité de donner un peak flow (débitmètre de pointe) au patient pour faire des mesures sur le lieu de travail et en période de repos.
L'hyperréactivité bronchique peut être soupçonnée cliniquement : toux ou gêne respiratoire au contact d'irritants - fumée de tabac, odeurs fortes, sprays, polluants - ou déclenchées par le rire, l'effort, le froid...
Consulter la synthèse des Recommandations pour la prévention et la prise en charge de la rhinite allergique professionnelle.
Le traitement est du ressort du médecin généraliste, du pneumologue et / ou de l’allergologue.
Devant une rhinite ou un asthme professionnel, adresser le patient au médecin du travail avec un courrier. Si le patient travaille, il peut à tout moment demander une visite occasionnelle. En cas d'arrêt de travail, demander une visite de pré-reprise au médecin du travail pour envisager des aménagements de poste ou un reclassement si nécessaire, et mobiliser le réseau de maintien dans l’emploi si besoin.
Proposer éventuellement une déclaration de maladie professionnelle de la rhinite ou de l’asthme en lien avec le travail, en particulier quand il y a un risque de désinsertion professionnelle.