Les symptômes liés à la souffrance psychique au travail peuvent être des :
Le phénomène n'épargne aucun secteur d'activité, sous l’effet des mutations du monde du travail.
La souffrance psychique au travail est généralement la conséquence de situations ou d’organisations de travail pathogènes, sources de stress.
Stress : déséquilibre entre la perception qu’une personne a des contraintes de son environnement de travail et la perception qu’elle a de ses propres ressources pour y faire face
La souffrance psychique au travail peut avoir pour origine :
L’exposition à ces situations de travail peut avoir des conséquences sur la santé physique, mentale et sociale des salariés, notamment en terme de manifestations cardio-vasculaires, de troubles musculo squelettiques, de syndromes anxiodépressifs, d’épuisement professionnel, de suicide…
Les symptômes psychiques en lien avec le travail, en tant que manifestations des risques psychosociaux (RPS) constituent une des grands enjeux nationaux et régionaux de la santé au travail (Plans Santé au Travail du ministère du Travail et Plan Régional Santé et Travail 2010-2014 et 2016-2020).
En région PACA, l’enquête EVREST a permis de recueillir des données portant sur les contraintes psychosociales déclarées par les salariés et les symptômes en lien avec le travail, constatés par les professionnels de santé-travail.
Entre 2017-2019, d'après les médecins du travail participant au réseau EVREST, plus d’un salarié sur dix (11 %) en PACA, souffrait d’au moins un symptôme psychique en relation avec le travail : fatigue, lassitude, anxiété, nervosité, irritabilité et troubles du sommeil. Ce pourcentage était plus élevé chez les femmes, les salariés de plus de 45 ans, les salariés du secteur de la santé humaine et action sociale et du secteur des activités financière et assurance.
Les mauvaises relations avec les collègues, l’absence de sérénité et les mauvaises relations avec la hiérarchie étaient les contraintes associées aux pourcentages les plus élevés de personnes présentant au moins un symptôme psychique estimé en lien probable ou certain avec l’activité professionnelle (respectivement 40,4 %, 39,5 % et 37,6 % en 2017 et 2019)
De plus, près d’un salarié sur quatre (23 %) déclarait avoir subi une pression psychologique dans leur travail.
Source : Tableau de bord santé, sécurité et conditions de travail 2020 – ORS PACA
Comme dans toute souffrance psychique, les contextes personnels et familiaux seront également à explorer.
La spécificité du contexte professionnel pourra être appréhendée par des questions telles que :
Le médecin traitant peut interroger son patient afin de savoir si ce dernier est exposé à des facteurs de risques.
A titre d’exemples, les questions du médecin traitant peuvent porter sur les aspects suivants :
Intensité et temps de travail
Exigences émotionnelles
Autonomie
Rapports sociaux dégradés
Conflits de valeurs
Insécurité de la situation de travail
Source : INRS : https://www.inrs.fr/risques/psychosociaux/ce-qu-il-faut-retenir.html
L'interrogatoire et l'examen du patient évalueront :
Le médecin pourra s’aider d’outils pour interroger le patient :
Une fois qu’une situation de souffrance psychique au travail est suspectée, il est conseillé au médecin traitant de prendre contact rapidement avec le médecin du travail de son patient, par l’intermédiaire de celui-ci (annuaire SISTEPACA), afin de permettre :
Le médecin traitant assure, en parallèle, la prise en charge médicale et le suivi du patient.
Si besoin il oriente le patient vers :
Faire attention de ne pas « victimiser » le patient afin d'éviter sa désinsertion professionnelle ; un diagnostic fiable de la situation nécessite la collaboration du médecin du travail et permettra la cohérence des discours médicaux.
Si le médecin du travail a évalué que le poste n’était pas compatible avec l’état de santé, un arrêt de travail peut être nécessaire.
Quelques recommandations concernant la prescription de l’arrêt de travail : extrait du guide édité par l'URPS ML "Le médecin libéral face à la souffrance au travail de ses patients".
Avantages | Inconvénients |
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Le harcèlement est un terme juridique qui concerne des agissements répétés du harceleur sur une personne, qui :
Le harcèlement moral n'est pas un diagnostic médical.
En sollicitant une visite occasionnelle (à la demande spontanée du salarié) ou une visite de pré-reprise (si le salarié est en arrêt) pour un examen et une écoute, sur la situation au travail.
Le médecin du travail pourra établir un diagnostic dans l'entreprise et conseiller sur une démarche de prévention des risques psycho-sociaux si nécessaire.
Parfois, la seule solution est le retrait du salarié de son milieu de travail, qui peut être suivi soit d'un reclassement dans l'entreprise, soit d'une inaptitude au poste de travail afin de sauvegarder la santé du salarié. Celle-ci peut amener à un licenciement pour inaptitude ou à une rupture conventionnelle de contrat.
Il existe un centre par région en France. Certains centres proposent une consultation spécialisée sur la souffrance liée au travail ; se renseigner auprès des centres : voir les coordonnées de CRPPE en région PACA.
Peut-on déclarer une souffrance liée au travail en accident du travail ?
Oui : Si le patient décrit un fait accidentel, soudain, c'est-à-dire précis et daté, sortant de l'ordinaire et si la souffrance liée au travail a généré des lésions (psychologiques et/ou organiques).
Le certificat médical initial doit être descriptif de ces lésions.
La souffrance liée au travail est-elle inscrite dans un tableau de maladie professionnelle ?
Non : Les pathologies psychiatriques consécutives à une souffrance au travail ne font pas partie d'un tableau de maladie professionnelle. Elles ne peuvent donc pas être reconnues dans le cadre habituel réglementaire (système des tableaux) ;
En cas d'état dépressif lié au travail, il est possible de faire une demande de reconnaissance de maladie professionnelle : le médecin désigne la nature de la maladie qui présente, à son avis, un caractère professionnel y compris si la maladie n’est pas inscrite dans un tableau. Cette demande sera étudiée par le Comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles Comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles (CRRMP), qui devra établir un lien à la fois direct et essentiel entre la pathologie déclarée (non inscrite dans un tableau de maladie professionnelle) et la situation de travail.
Le patient devra faire la preuve d'une exposition répétée à des risques psychosociaux.
Toute souffrance psychique peut impliquer un risque suicidaire. La crise suicidaire est une crise psychique dont le risque majeur est la tentative de suicide. Si une personne confrontée à ce moment de grande souffrance, ne trouve pas en elle les ressources suffisantes pour le surmonter, le risque de passage à l’acte existe.
Pratiquer l'écoute active et poser des questions pour :
Le contexte de vulnérabilité dépend beaucoup du statut conjugal, social et professionnel.
Il est souhaitable d'explorer 6 éléments :
Il est également souhaitable d’explorer les facteurs protecteurs :
Après une tentative de suicide, le patient est à haut risque de mortalité par suicide (1% de suicide réussi dans l'année qui suit).
Un suivi médical par le médecin généraliste, et si possible par un psychiatre, est important pour prévenir les récidives.
Une déclaration en accident du travail pourra être faite par le patient ou ses ayant-droits si la présomption de relation avec le travail semble forte. Le certificat médical initial sera rédigé par le médecin des urgences ou le médecin traitant. Pour la reconnaissance par l'organisme de sécurité sociale, la présomption d'imputabilité ne s'applique pas, le patient (ou ses ayant-droits) devra apporter la preuve du lien entre les lésions et le travail.
Dans les deux cas, après une tentative de suicide, évaluer la possibilité d'un retour au travail et proposer au patient une visite de pré-reprise auprès de son médecin du travail.
Les témoins directs doivent bénéficier d'une prise en charge particulière, dans les premiers instants de survenue de l’évènement afin de limiter les effets du stress post-traumatique.
En cas de stress post-traumatique d'un patient, outre une prise en charge médico-psychologique adaptée, lui conseiller de se rapprocher de son médecin du travail dans le cadre d'une visite occasionnelle afin que ce dernier mobilise l’ensemble des moyens à sa disposition et adaptés à la situation du patient/salarié.