La surdité, ou hypoacousie, est la diminution de la capacité à percevoir les sons. Si elle n’est pas prise en charge, elle peut être gênante dans la vie quotidienne et conduire peu à peu à l'isolement.
Il existe deux grands mécanismes de surdités qui ont des causes variées :
En savoir plus : https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/perte-acuite-auditive/definition-causes
Remarque : le décibel est une unité de mesure particulière. En effet, diminuer de 3dB divise le bruit par 2. Ainsi être exposé 8h à 80dB est aussi dangereux que d’être exposé 30 minutes à 92 dB.
Exemple de durées d'exposition quotidiennes équivalentes |
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Niveau sonore en dB(A) | Durée d'exposition |
80 | 8 h |
83 | 4 h |
86 | 2 h |
89 | 1 h |
92 | 30 min |
95 | 15 min |
98 | 7,5 min |
Source : INRS
En 2017, d’après une enquête nationale sur les expositions professionnelles (enquête SUMER), près d’un tiers des salariés sont exposés à des nuisances sonores. Ces nuisances sonores peuvent être à l’origine de surdités professionnelles.
Les surdités professionnelles sont largement sous-déclarées (rapport Diricq).
En région PACA, l’enquête EVREST a permis de recueillir des données sur les troubles auditifs. Entre 2017 et 2019, près d’un salarié sur quatre (23,6 %) a déclaré être exposé à un bruit supérieur à 80 décibels (contre 21,2 % en 2013-2014) et plus d’un tiers des salaires (34,4 %) se sont plaints d’une gêne sonore dans leur travail (contre 32,9 % en 2013-2014).
Entre 2014 et 2019, les surdités professionnelles représentaient 2,8 % des maladies professionnelles indemnisées par la CARSAT Sud-Est en région PACA-Corse, soit 322 cas de surdités professionnelles. Le taux de surdités professionnelles indemnisées est passé de 4,4 surdités pour 100 000 salariés en 2014 à 3,5 pour 100 000 en 2019.
Les cas de surdités professionnelles indemnisées concernaient quasiment que des hommes. Les salariés des secteurs du bâtiment et des travaux publics et du « Bois, ameublement, papier-carton, textile, vêtement, cuirs et peaux, pierres et terres à feu » étaient les plus touchés par les atteintes auditives entre 2014 et 2019.
Source : Tableau de bord régional santé, sécurité et conditions de travail 2020
Devant des signes d’hypoacousie ou des acouphènes, rechercher une exposition professionnelle en posant des questions telles que :
Principales activités et situations exposants aux bruits et pouvant amener à une reconnaissance en maladie professionnelle :
Principales activités et situations de travail (se référer aux tableaux) |
Système de reconnaissance |
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TRG 42 |
Autres situations où les conditions de la liste ne sont pas remplies : musiciens professionnels… |
CRRMP |
TRG : Tableau de maladie professionnelle du Régime Général
TRA : Tableau de maladie professionnelle du Régime Agricole
Les tableaux n° 42 et n° 46 ne font pas référence à des niveaux quantifiés d’exposition aux bruits, il suffit que le métier soit répertorié dans la liste limitative figurant dans ces tableaux. Si le métier n’est pas listé, il est possible de faire une déclaration hors liste limitative via le CRRMP : Comité Régional de Reconnaissance des Maladies Professionnelles (*lien vers la fiche Reconnaissance d’une maladie professionnelle).
Question à poser en Provence : entendez-vous toujours les cigales en été ? (Fréquences aiguës)
L’audiométrie présente un des profils suivants, selon la sévérité de la surdité :
Phase d’accoutumance L'audiogramme pratiqué en fin de journée peut déjà montrer un scotome réversible sur la fréquence 4000 Hz. Stade I ou stade de surdité latent Le déficit auditif se caractérise par un scotome irréversible sur la fréquence des 4000 Hz dépassant 30 dB. Stade II ou stade de surdité débutante Le scotome est étendu aux fréquences voisines (2000 à 6000 Hz) et dépasse 30 dB. Stade III ou stade de surdité confirmée La perte auditive s’étend vers les fréquences 1000-8000 Hz et dépasse 30 dB. Stade IV ou stade de surdité sévère Le déficit atteint toutes les fréquences, y compris le 500 Hz ( ≥ 30 dB), avec une extension prédominante sur les fréquences aiguës. |
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— Fatigue auditive — Évolution de la surdité professionnelle |
L’oreille humaine peut percevoir des sons allant de 20 Hz à 20 000 Hz. Les fréquences utilisées dans la conversation se situent entre 250 et 4 000 Hz, avec un maximum situé entre 1 000 et 2 000 Hz. (Expostion au bruit).
La surdité professionnelle est le plus souvent induite par des bruits lésionnels, mais peut être également provoquée par des agents biologiques (Streptococcus suis – tableaux de maladie professionnelle TRG 92 et TRA 55)
Certaines surdités brutales, consécutives à un traumatisme sonore (barotraumatisme, éclatement ou explosion (phénomène de blast)), peuvent survenir dans le cadre du travail. Dans ce cas, elles peuvent être déclarées en accident du travail.
Devant toute suspicion de surdité professionnelle, votre patient doit être adressé à un ORL pour réaliser un bilan auditif comprenant une audiométrie tonale liminaire, une audiométrie vocale et une impédancemétrie, à partir du 4ème jour d’arrêt d’exposition au bruit lésionnel.
Pour être déclarée en maladie professionnelle, l’audiométrie tonale liminaire et l’audiométrie vocale doivent être concordantes (en cas de non concordance : l’impédancemétrie et la recherche du reflexe stapédien ou, à défaut, l'étude du suivi audiométrique professionnel confirmeront le diagnostic). Ces examens doivent être réalisés en cabine insonorisée, avec un audiomètre calibré.
Pour être indemnisée, la perte auditive doit être bilatérale et supérieure ou égale à 35 dB sur la meilleure oreille selon la formule ci-dessous :
Pour les salariés du régime général et du régime agricole, le déficit audiométrique moyen (Dm) est la moyenne des déficits mesurés sur les fréquences 500, 1000, 2000 et 4000 Hz.
Dm = déficit (500) + déficit (1000) + déficit (2000) + déficit (4000) ≥ 35 dB
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Vous pouvez aussi demander à votre patient s’il a déjà fait des audiogrammes en médecine du travail pour comparer leur évolution.
Le traitement ne peut être que préventif, par diminution de l'exposition au risque (prévention technique et/ou protection individuelle).
Néanmoins, il existe des moyens de réhabilitation auditive par l’intermédiaire des prothèses auditives.
Si le patient est reconnu travailleur handicapé, une aide financière par l’AGEFIPH est possible. Pour en bénéficier, il convient de monter un dossier RQTH, faire un devis et faire la demande à l’Agefiph avant de payer les prothèses. Le dossier RQTH nécessite un certificat spécifique à remplir par l’ORL dans le cas des surdités.
Votre patient peut aussi être adresser en consultation de médecine du travail pour un éventuel aménagement de poste, qui sera aussi facilité par le dossier RQTH.
Les atteintes auditives d'une certaine gravité sont réparées dans le tableau n°42 du régime général et dans le tableau n°46 du régime agricole. La liste des situations de travail mentionnée dans les tableaux est limitative.
Pour les patients changeant d’entreprise et pour les patients retraités, la surdité doit être diagnostiquée dans l’année suivant le changement ou l’arrêt d’activité.
Aucune aggravation de cette surdité professionnelle ne peut être prise en compte, sauf en cas de nouvelle exposition au bruit lésionnel. Au moment de la rédaction du CMI, il convient donc de consolider la maladie avec séquelles.
Pour la rédaction du certificat médical initial, reprendre si possible la désignation de la maladie dans le tableau.
Pour être traitées, la déclaration de maladie professionnelle doit être associée à une audiométrie faite par un ORL dans des conditions précises.