Par risque

Conduite à tenir en cas de maladie par risque

Expositions aux rayonnements ionisants : De quoi parle-t-on ?

octobre, 2022
La radioactivité est un phénomène naturel lié à l’instabilité de certains atomes. Pour acquérir une meilleure stabilité, ces atomes instables, qu’on appelle radionucléides, émettent des rayonnements qui, en interagissant avec la matière, peuvent l’ioniser, c’est-à-dire lui arracher un ou plusieurs électrons. Généralement, un radionucléide émet plusieurs types de rayonnements ionisants à la fois (alpha, bêta, gamma, X ou neutronique). La radioactivité peut provenir de substances radioactives naturelles (uranium, radium, radon…) ou artificielles (californium, américium, …).

Il existe trois unités de mesure utilisées dans le domaine de la radioactivité :

  • Le becquerel (Bq) qui rend compte de l’activité d’une source radioactive, plus exactement du nombre de désintégration d’un noyau (de matière) par seconde ; 1 Bq = 1 désintégration/seconde
  • Le gray (Gy) qui rend compte de la dose absorbée par un individu. Le Gray représente la quantité d’énergie absorbée par unité de masse ; 1 Gy = 1 Joule/Kg
  • Le sievert (Sv) qui rend compte de l'effet biologique produit sur l'individu par le rayonnement absorbé, on parle de dose efficace (corps entier) et de dose équivalente (dose à un organe).

L’exposition aux rayonnements peut être interne (contamination par ingestion, inhalation de substances radioactives, passage transcutané) et/ou externe par une source à distance ou externe par contact (on parle alors d’irradiation).

Les rayonnements ionisants peuvent provoquer des effets sur la matière vivante. Ces effets sur la santé peuvent être de deux types :  

  • Des effets à court terme, dit déterministes après une exposition aigue (brûlure, nausées, aplasie médullaire, stérilité masculine temporaire, effet tératogène, avortement...), qui apparaissent systématiquement à partir d’une dose seuil et dont la gravité des effets est liée à la dose reçue. Ces effets apparaissent quelques heures ou quelques jours après l’exposition.

 

Tableau 1 : Exemples d’effets dits déterministes suite à une irradiation aiguë en fonction d’un seuil de dose.

Effets

Gray

Diminution temporaire du nombre de spermatozoïdes

0,15

Atteinte oculaire : opacités du cristallin

0,5

Diminution temporaire du nombre de leucocytes

1

Lésions cutanées

1

Stérilité féminine

2,5

Stérilité masculine définitive (3,5 Gy)

3,5

 Atteinte gastro-intestinale

5

Décès par atteinte du système nerveux

15

Source : Dossier sur les rayonnements ionisants de l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS)

  • Des effets à long terme, dits stochastiques ou aléatoires après une exposition chronique (cancers, mutations génétiques…), qui peuvent se manifester quelques mois ou quelques années de façon non systématique après une exposition.  Toutefois, la probabilité d’apparition de l’effet augmente avec la dose. 

Exemples d’exposition chronique :

  • La surveillance des survivants des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki a montré une augmentation de risque de cancers solides et leucémie, notamment à partir d’une dose estimée à environ 50 mSv (Etude Life Span Study (LSS)).
  • Un excès de décès par cancer a été observé chez les mineurs d'uranium par rapport à la population française (La cohorte française des mineurs d’uranium IRSN-Cogema).
  • Des études ont également mis en évidence une augmentation du risque de cancer thyroïdien à partir d’une dose équivalente de 100 mSv chez des enfants traités par radiothérapie (Lubin et al., JCEM, 2017).

La population française métropolitaine reçoit en moyenne une dose de 4,5 mSv/an dont environ les 2/3 sont issus de l’exposition à la radioactivité naturelle. Les sources d’exposition à la radioactivité les plus importantes en moyenne annuelle sont les examens médicaux (34 %) et le radon (33 %).

Ces valeurs dépendent de l’emplacement géographique et du mode de vie, et sont donc à considérer comme un indicateur macroscopique.

 

*Alimentation, boisson…


Exposition moyenne 4,5 mSV/an :

  • 3 mSv : Exposition moyenne par an de radioactivité naturelle pour la population française
  • 1,5 mSv : Exposition moyenne par an d’actes d’imagerie médicale pour la population française

Source : Exposition de la population française aux rayonnements ionisants - bilan 2014-2019 (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN)).


ZOOM SUR LE RADON

De quoi s’agit-il ?

Le radon est un gaz radioactif naturel présent partout mais plus spécifiquement dans les sous-sols granitiques et volcaniques, riches en uranium. Sa concentration est faible dans l’air extérieur mais peut atteindre des concentrations élevées dans des atmosphères confinées, tels que des caves, sous-sols ou pièces de vie de bâtiments mal ventilés et non étanchéifiés.

Quels sont ces effets sur la santé ?

Le radon est un agent cancérogène reconnu. Il s’agit du second plus important facteur de risque du cancer du poumon après le tabac et avant l’amiante. L’exposition domestique au radon serait responsable d’environ 10 % des cancers du poumon, soit 3 000 décès par an¹. Ce risque de cancer est augmenté par l’association tabagisme - exposition au radon.

Comment connaitre la concentration en radon de son habitation ou de son lieu de travail ? 

Il est possible de connaitre le potentiel radon de sa commune en interrogeant le site : Connaître le potentiel radon de ma commune (irsn.fr). L’arrêté du 27 juin 2018 portant délimitation des zones à potentiel radon du territoire français, définit un « zonage radon » à l’échelle de la France et répartit chacune des communes dans les zones 1, 2 ou 3 :

  • Zone 1 : zones à potentiel radon faible ;
  • Zone 2 : zones à potentiel radon faible mais sur lesquelles des facteurs géologiques particuliers peuvent faciliter le transfert du radon vers les bâtiments ;
  • Zone 3 : zones à potentiel radon significatif.

Le potentiel radon d’une commune est évalué selon la nature des sols et leurs capacités à libérer du gaz radon.

En région Provence-Alpes-Côte d’Azur, les Alpes-de-Haute-Provence, Hautes-Alpes, Alpes-Maritimes et Var, ont des communes classées en « zone 3 ».

La concentration en radon en Bq/m3 peut être mesurée en utilisant un dosimètre.

Depuis le 1er juillet 2018, l’employeur doit évaluer les risques liés aux émanations de radon sur le lieu de travail. Si l’activité volumique moyenne annuelle de radon dépasse 300 Bq/m3, il doit mettre en œuvre les actions nécessaires pour réduire l’exposition des travailleurs au radon.

Comment réduire la concentration de radon dans son habitation ou dans son lieu de travail ?

Très souvent, il suffit d’aérer régulièrement les endroits confinés. Dans les cas les plus complexes, il faudra améliorer l’étanchéité des sols et murs, poser des ventilations mécaniques…

Point de vigilance pour les travailleurs

Les personnes travaillant en milieu confiné, souterrain, peuvent être soumises à l’exposition au radon et n’ont pas toujours accès à une surveillance spécifique.

¹ Ajrouche R, Roudier C, Cléro E, lelsch G, Gay D, Guillevic J, Marant Micallef C, Vacquier B, LeTertre A, Laurier ; D. Quantitative Health lmpact of indoor radon in France; Radiat Environ Biophys. ; 2018 May 8

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Le télétravail : les points de vigilance à aborder avec vos patients

mars, 2022

Le télétravail peut conduire à des risques sur la santé (troubles psychosociaux, troubles musculosquelettiques, troubles visuels, troubles liées à la sédentarité (prise de poids, maladie cardio-vasculaires, …), addictions, troubles du sommeil…) qui sont notamment liés à l’organisation du travail, aux rapports sociaux avec les collègues/hiérarchie et à l’aménagement du poste de travail.

Pour repérer d’éventuels risques sur la santé de votre patient qui pratique le télétravail, interrogez-le sur ses conditions de travail. Vous trouverez ci-dessous des exemples de questions à lui poser, qui portent sur :

Son organisation du travail  

  • Faites-vous du télétravail ? Est-ce par choix ? Combien de jour(s) par semaine ?
  • Ce mode d’organisation vous convient-il ?
  • Comment qualifieriez-vous l’état de votre charge de travail ?
  • Avez-vous du mal à faire des pauses, à limiter votre temps de travail sur une journée ?
  • Est-ce que vous arrivez à concilier votre vie personnelle et professionnelle en étant en télétravail?
  • Est-ce que vous arrivez à concilier votre organisation du travail avec une activité physique ?

Ses rapports sociaux avec ses collègues/hiérarchie  

  • Comment qualifieriez-vous l’état de vos relations avec vos collègues ?
  • La relation avec votre hiérarchie vous convient-elle ?
  • Avez- vous le sentiment d’être isolé de vos collègues/et ou hiérarchie ?
  • Est-ce que vous ressentez une perte dans la cohésion d’équipe ? Comment qualifierez-vous l’état du collectif de travail ?

Son environnement de travail à la maison  

  • Est-ce que votre cadre de travail chez vous est adapté (endroit isolé, dédié, calme…) ?
  • Est-ce que votre poste de travail est adapté (ergonomie du matériel : fauteuil, bureau, écran, éclairage, outils informatiques disponibles et adaptés …)
  • Etes-vous bien installé ? Est-ce que vous arrivez à faire des pauses ? Est-ce que vous arrivez à faire des pauses sans écran ?

Les avantages du télétravail

Suite à la crise sanitaire qui a frappé la France en mars 2020, la mise en place du travail à distance a été l’occasion pour beaucoup d’entreprises de tester le télétravail, bien que son démarrage se soit fait en mode dégradé et que la plupart des entreprises ne disposaient pas d’accord en la matière. Cela a permis de mieux cerner, les postes et fonctions pouvant y avoir recours ainsi que ses avantages et ses limites, ce qui dans l’avenir devrait permettre une meilleure mobilisation de cet outil dans la conciliation vie professionnelle/vie personnelle, mais également vie professionnelle et état de santé (cf. pour aller plus loin : outil mobilisable par exemple pour certains salariés atteints de maladie chronique, en situation de handicap ou en risque de désinsertion professionnelle)

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Le télétravail : une organisation qui se développe

mars, 2022

Le télétravail est une organisation du travail qui se développe depuis quelques années et qui s’est accélérée suite à la crise sanitaire qui a frappé la France en mars 2020.  Il a été estimé en 2021 que 26 % des actifs pratiquait le télétravail, majoritairement les cadres (Enquête DARES).

Outre ses avantages, le télétravail peut présenter des risques pour la santé des salariés : troubles psychosociaux, troubles musculosquelettiques (TMS), sédentarité, troubles visuels, addictions, troubles du sommeil... Ces troubles peuvent notamment être liés à l’organisation du travail et à l’aménagement du poste de travail à domicile.

Si le télétravail est « imposé » et « non choisi » et les mesures de prévention et d’accompagnement sont inadaptées ou insuffisantes, le risque est majoré ; c’est ce qui s’est produit lors de la crise du COVID que nous traversons depuis 2020, avec la mise en télétravail brutale et imposée de nombreux salariés « non préparés » sur de longues périodes. C’est là tout l’enjeu de la mise en place dans les entreprises d’accords négociés sur ce thème afin que les mesures de prévention et d’accompagnement limitent les effets éventuellement délétères du télétravail sur la santé (cf. accord national interprofessionnel sur le télétravail de décembre 2020.).

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L’exposition aux rayonnements ionisants en milieu professionnel

octobre, 2022

L’exposition aux rayonnements ionisants en milieu professionnel concerne plus de 387 452 travailleurs en 2020. En fonction de leur exposition, ces travailleurs peuvent être classés en catégories A (si dose efficace > 6 mSv/an) ou B (si dose efficace comprise entre 1 et 6 mSv/an).  Ces 2 catégories de travailleurs exposés aux rayonnements ionisants :

  • sont soumises à un suivi individuel renforcé (SIR) assuré par leur médecin du travail
  • font l’objet d’une surveillance dosimétrique professionnelle[1]

Le médecin du travail, pour effectuer la surveillance radiologique des travailleurs exposés, doit travailler en collaboration avec le Conseiller en radioprotection (CR) et/ou la Personne Compétente en Radioprotection (PCR) nommés par l’employeur.

Le médecin traitant peut avoir accès, après l’accord du travailleur ou de ses ayants droits en cas de décès ou d’incapacité, aux résultats de la surveillance dosimétrique nominative du travailleur ainsi qu'à la dose efficace.

Les secteurs d’activités les plus exposants pour les travailleurs sont :

  • Le secteur médical, vétérinaire (radiothérapie, radiodiagnostic, médecine nucléaire…),
  • L’industrie nucléaire (extraction, fabrication, utilisation et retraitement du combustible, stockage et traitement des déchets…)
  • Le secteur industriel non nucléaire (utilisation de sources scellées pour certains types de contrôles non destructifs de soudure ou d’étanchéité, en tant que jauges et traceurs, utilisation de rayons X pour stérilisation par irradiation, conservation des aliments, chimie sous rayonnement, détection de masses métalliques dans les aéroports…)
  • Certains laboratoires de recherche et d’analyse (y compris dans le secteur agricole et agroalimentaire)
  • Le secteur de l’aviation (personnel navigant)
  • Le secteur militaire (marine nationale, armée de l’air etc.)

Il existe des valeurs limites réglementaires pour les travailleurs exposés aux rayonnements ionisants qui sont fixées par le code du travail. Ces valeurs « absolues » sont des limites à ne pas dépasser (cf. tableau ci-dessous).

Tableau 2 : Valeurs limites d’exposition aux rayonnements ionisants en mSV par an

 

Corps entier
(dose efficace¹)

Extrémités : mains, avant-bras, pieds, chevilles
(dose équivalente²)

Peau
(dose équivalente² sur tout cm²)

Cristallin
(dose équivalente²)

Travailleurs catégorie A²

20 mSv

500 mSv

500 mSv

20 mSv (à partir de juillet 2023)
50 mSv*

Travailleurs catégorie B³ et
Travailleurs entre 16 et 18
ans (sous réserve d'y être autorisés pour les besoins de leur formation)

6mSv

150 mSv

150 mSv

15 mSv

Femmes enceintes

< 1 mSv de la déclaration de la grossesse à l'accouchement

Femmes allaitantes

Interdiction de les maintenir ou de les affecter à un poste entraînant un risque d'exposition interne

¹ Dose efficace : Dose corps entier ; ​ ​² Dose équivalente : Dose à l’organe
² Travailleurs catégorie A : Si dose efficace > 6mSV/an
³ Travailleurs catégorie B : Soi dose efficace comprise entre 1 mSv/an et 6 mSv/An
*Par disposition transitoire, la limite est fixée à 50 mSv sur douze mois consécutifs jusqu’au 1er juillet 2023 et 100 mSv sur la période comprise entre le 1er juillet 2018 et le 1er juillet 2023.

Source : Bilan annuel de l’exposition professionnelle aux rayonnements ionisants en France - Modalités de surveillance de l’exposition des travailleurs( (IRSN).

Points de vigilance

  • Les travailleurs exposés aux rayonnements ionisants qui ne relèvent pas du secteur du nucléaire (médical, industrie non nucléaire…) ne sont pas toujours bien sensibilisés aux mesures de protection et de surveillance.
  • Les travailleurs du secteur de l’industrie non nucléaire sont les moins bien caractérisés en terme de suivi, par manque d’exhaustivité des informations renseignées par les employeurs quant à leur secteur d’activité et aux métiers exercés par leurs salariés.
  • Les personnes en CDD sont encadrées par l’article D. 4154-1 précisant l’interdiction pour l'exécution de certains travaux exposant aux rayonnements ionisants.
  • Les travailleurs entre 16 et 18 ans sont encadrés par des dispositions spécifiques concernant l’exposition aux rayonnements ionisants, afin de mieux préserver leur santé et leur sécurité. Les valeurs limites d’exposition correspondent aux valeurs définissant la catégorie B et sous réserve d’une autorisation préalable justifiée pour les besoins de leur formation.

ZOOM sur les femmes enceintes et allaitantes

Des dispositions spécifiques concernant l’exposition aux rayonnements ionisants existent pour les femmes enceintes et allaitantes. En tant que médecin traitant, spécialiste ou encore sage-femme, vous serez probablement le premier acteur de soin informé de la grossesse de votre patiente. Aussi, dès que possible :

  • Si votre patiente est exposée professionnellement aux rayonnements ionisants (personnel de catégorie A ou B) ou en cas de doute, il est conseillé d’orienter votre patiente vers son médecin du travail qui pourra faire le point entre son activité professionnelle et sa grossesse (mise en adéquation et/ou adaptation de la fiche de poste de la patiente à son état, voire même retrait de son poste de travail).
  • Vous pouvez également orienter votre patiente vers la personne compétente en radioprotection (PCR) et/ou le conseiller en radioprotection (CR) de son service qui pourront dès la déclaration de sa grossesse, prendre les mesures de retrait nécessaires, pour éviter un risque d’exposition du fœtus, dans l’attente de l’avis du médecin du travail ;

L’exposition des femmes enceintes doit être maintenue aussi faible que raisonnablement possible et doit demeurer inférieure à 1 mSv de la déclaration de la grossesse à l'accouchement.

Concernant les femmes allaitantes, il est également conseillé de les orienter vers leur médecin du travail dès qu’une reprise du travail est envisagée. Il est interdit d'affecter ou de maintenir une femme allaitante à un poste de travail comportant un risque d'exposition interne à des rayonnements ionisants.

Pour davantage d’information sur les principaux risques professionnels en cas de grossesse, vous pouvez consulter la rubrique dédiée.


[1] les professionnels exposés portent un dosimètre passif à lecture différée, qui mesure la dose absorbée sur une période donnée : un mois pour les salariés classés en catégorie A et 3 mois pour ceux classés en catégories B ; en sus, les personnels accédant à une zone dite « contrôlée » (ex : installation fixe type INB, salle de radiologie, …) ou zone dite « d’extrémités » (ex : intervention chirurgicale sous scopie) ou zone dite « d’opération » (ex : contrôle non destructif sur chantier de radiographie industrielle) sont en plus dotées d’un dosimètre opérationnel (dosimètre actif) à lecture directe. Ce dosimètre doit être choisi en fonction du type et des caractéristiques des rayonnements à mesurer, et paramétré par le Conseiller en radioprotection (CR) et/ou la Personne Compétente en Radioprotection (PCR), nommés par l’employeur.
conduite à tenir par risque : 

Repérer l’origine professionnelle de symptômes ou pathologies pouvant être liés à l’exposition aux rayonnements ionisants

octobre, 2022

Suite à une exposition aiguë aux rayonnements ionisants :

Les effets sur la santé (dits déterministes) apparaissent en fonction d’un seuil de dose. Leurs effets augmentent avec la dose d’exposition. Ces effets apparaissent quelques heures ou quelques jours après l’exposition.

Exemples d’effets sur la santé  

Suite à une exposition chronique aux rayonnements ionisants :

Des effets sur la santé (dits stochastiques ou aléatoires) peuvent se manifester quelques mois ou années après l’exposition mais de façon non systématique (cancer, mutation génétique…). Toutefois, la probabilité d’apparition de l’effet augmente avec la dose.

Exemples d’exposition chronique  

Pathologies évoquant une exposition aux rayonnements ionisants et inscrites dans le système des tableaux de maladies professionnelles

Pathologies

Système de réparation

Anomalies de la numération formule sanguine

 

Anémie, leucopénie, thrombopénie ou syndrome hémorragique

consécutif à une irradiation aigue

TRG6  / TRA20

Anémie, leucopénie, thrombopénie ou syndrome hémorragique

consécutif à une irradiation chronique

TRG6  / TRA20

Pathologies oculaires

 

Blépharite ou conjonctivite

TRG6  / TRA20

Kératite

TRG6  / TRA20

Cataracte

TRG6  / TRA20

Pathologies cutanées / des muqueuses

 

Radiodermites aigues

TRG6  / TRA20

Radiodermites chronique

TRG6  / TRA20

Radio-épithélite aigue des muqueuses

TRG6  / TRA20

Radio-épithélite chronique des muqueuses

TRG6  / TRA20

Radiolésions chronique des muqueuses

TRG6  / TRA20

Troubles osseux

 

Radionécrose osseuse

TRG6  / TRA20

Cancers / Tumeurs

 

Leucémies

TRG6  / TRA20

Cancer broncho-pulmonaire primitif par inhalation

TRG6  / TRA20

Sarcome osseux

TRG6  / TRA20

TRG : Tableau de maladie professionnelle du Régime Général
TRA : Tableau de maladie professionnelle du Régime Agricole

Comment rechercher une exposition professionnelle aux rayonnements ionisants ?

Dans un premier temps, interrogez votre patient sur son métier actuel mais également sur ses métiers passés, ses conditions de travail. Il est utile de connaitre les secteurs d’activités et situations à risque.

  • Quelle est votre profession ? Depuis quand l’exercez-vous ?
  • Quels autres métiers avez-vous déjà exercé ? Pendant combien de temps ?
  • Êtes-vous ou avez-vous été exposé à des rayonnements ? Si oui lesquels ?
  • Etes-vous amené à travailler, séjourner, circuler dans un environnement à risque d’exposition aux rayonnements ionisants (bâtiment, locaux, …)
  • Travaillez-vous, même ponctuellement dans des ouvrages ou des bureaux en souterrains, dans un bâtiment en sous-sol ou dans des bureaux situés en rez-de-chaussée et semi-enterrés (risque radon) ? Si oui :
  • Savez-vous si l’aération/ventilation est correcte ?
  • Savez-vous s’il y a des mesures de surveillance du radon ?
  • Avez-vous été destinataire d’une information sur la concentration du radon dans vos locaux de travail ?
  • Manipulez-vous des éléments radioactifs sous forme de sources dites non scellées (sous forme solide/poudre, liquide ou gaz) ? Si oui lesquels ?
  • Bénéficiez-vous d’un suivi individuel renforcé assuré par votre médecin du travail ? Si oui :
    • Portez-vous seulement un dosimètre passif, ou bien portez-vous un dosimètre passif et un dosimètre opérationnel ?
    • Le/les portez systématiquement pendant votre travail ?
    • Portez-vous des équipements spécifiques de protection ? Si oui, les portez-vous systématiquement pendant votre travail ?
  • Avez-vous une attestation d’exposition aux rayonnements ionisants?

Suite à votre interrogatoire, vous suspectez une origine professionnelle :

Plusieurs situations possibles :

Cas 1 : Votre patient est toujours en activité :

Cas 2 : votre patient n’est plus en activité

  • Soit il possède une attestation d’exposition aux rayonnements ionisants. Vous invitez le salarié à entamer une démarche de reconnaissance de maladie professionnelle (faire le lien avec la page 3 : conduite à tenir pour le médecin traitant)
  • Soit il ne possède pas d’attestation d’exposition aux rayonnements ionisants. Vous pouvez orienter votre patient vers le centre régional de pathologies professionnelles et environnementales 

Cas 3 : Si la situation vous paraît trop complexe et/ou votre patient n’a pas de médecin du travail, vous pouvez l’orienter vers le centre régional de pathologies professionnelles et environnementales

conduite à tenir par risque : 

Conduite à tenir pour le professionnel de soin

mars, 2022

Comme pour toutes les situations entrainant une augmentation des risques psychosociaux, vous pouvez orienter votre patient vers des soutiens dans et/ou hors de l'entreprise.

  • Auprès du médecin du travail de l'entreprise :

En sollicitant une visite occasionnelle (à la demande spontanée du salarié) ou une visite de pré-reprise (si le salarié est en arrêt) pour un examen, une écoute sur la situation de travail ou un accompagnement sur les ressources disponibles et mobilisables pour prévenir le risque de désinsertion professionnelle (aménagement du poste de travail, des horaires, …).

Le médecin du travail pourra établir un diagnostic dans l'entreprise et conseiller l’employeur de conduire une démarche de prévention des risques psychosociaux, si nécessaire.

  • Auprès de la consultation de pathologie professionnelle :

Il existe un centre de consultation de pathologie professionnelle par région en France. Certains centres proposent une consultation spécialisée sur la souffrance liée au travail ; se renseigner auprès des centres : voir les coordonnées dans l’annuaire du SISTEPACA.

  • Autres soutiens pour le salarié :
    • La hiérarchie (n+1, n+2 ...)
    • Les collègues de travail
    • Les représentants du Personnel (membres élus du Conseil social et Economique (CSE) et délégués syndicaux)
    • Les référents handicap /qualité de vie au travail (QVT) dans les entreprises
    • L'Inspection du Travail qui peut informer le salarié en cas d’agissements pénalement répréhensibles (harcèlement, discrimination, …) sur les droits et les recours juridiques possibles du salarié, peut relever des infractions au Code du Travail, et avec l'accord du salarié, si nécessaire, peut engager des actions en entreprise
    • Les assistantes sociales de la CARSAT ou de la MSA (régime agricole) dès lors qu'un problème de maintien dans l'emploi se pose.

Pour davantage d’informations, vous pouvez consulter les exemples de conduites à tenir par le professionnel de soin en cas de souffrance liée au travail et de troubles musculo-squelettiques.

 

Soutien psychologique :

  • Prise en charge de 10 séances de psychothérapie par l’Assurance Maladie (en savoir plus)
  • Numéro vert 0 800 130 000 pour les télétravailleurs en difficulté
  • Psychologues du travail dans les services de prévention et de santé au travail

 

conduite à tenir par risque : 

Suivi post-exposition/post-professionnel (sans pathologie)

octobre, 2022

Tout travailleur soumis à un suivi individuel renforcé  (SIR) doit bénéficier d’une visite post-exposition dès la cessation de l’activité. Lors de cette visite, le médecin du travail remettra au salarié à la fin de l’exposition ou à la fin de sa carrière une attestation d’exposition  aux rayonnements ionisants avec le relevé dosimétrique. Même si ce relevé montre une dose totale reçue nulle, toute pathologie du tableau des maladies professionnelles pourra être imputable à l’exposition aux rayonnements ionisants. L’exposition aux rayonnements ionisants fait foi même avec une dose à 0 mSv sur toute la carrière. L’attestation d’exposition  permettra à la personne de continuer une surveillance médicale post professionnelle prise en charge par l’assurance maladie. Il est important que le médecin traitant en soit informé.

Cette attestation précise notamment la nature, le niveau et la durée de l’exposition. La surveillance post professionnelle peut comprendre selon l’exposition :

  • Un examen clinique et dermatologique tous les deux ans
  • Un examen hématologique,
  • Un scanner thoracique
  • Et/ou radiographies osseuses

Si votre patient n’a pas d’attestation d’exposition mais qu’il a été exposé, il peut faire une demande de surveillance post-professionnelle auprès de son organisme de sécurité sociale, sur papier libre, accompagnée des certificats de travail retraçant sa carrière professionnelle.

conduite à tenir par risque : 

Expositions à l'amiante

Exposition à l’amiante : de quoi parle-t-on ?

mars, 2022

L'amiante, un problème majeur de santé publique et de santé au travail

Massivement utilisé pour ses propriétés physiques et chimiques (incombustible, isolant thermique et électrique, résistant à l'action corrosive des produits chimiques ...) et son faible coût de revient, l’amiante a trouvé de multiples applications dans le bâtiment, les industries du ferroviaire, de l’automobile, et des chantiers navals… Les expositions professionnelles à l’amiante ont donc concerné des salariés dans divers secteurs et métiers.

L’amiante est interdit en France depuis 1997 mais reste toutefois présent dans de nombreux bâtiments et équipements construits avant 1997. Il est interdit en Europe depuis 2005 mais il est encore utilisé dans beaucoup des pays hors Union Européenne.

L’exposition reste donc possible lors d’interventions sur des matériaux ou des bâtiments contenant de l’amiante, et notamment dans les entreprises du désamiantage, l’industrie et les entreprises du BTP.

Les fibres d'amiante sont 400 à 500 fois moins épaisses qu'un cheveu. Inhalées, elles peuvent se déposer au niveau des poumons et provoquer des plaques ou épaississements pleuraux ou des maladies respiratoires graves : cancers de la plèvre (mésothéliome de la plèvre), des poumons, fibroses (ou asbestose ) ... Les effets sur la santé d’une exposition à l’amiante surviennent souvent plusieurs années après l’exposition.

Les chiffres en Provence-Alpes-Côtes d'Azur

Selon les données de la CARSAT Sud-Est, les maladies professionnelles liées à l’amiante représentaient 12 % des maladies professionnelles indemnisées en région PACA-Corse entre 2014 et 2019, soit 1 764 cas, ce qui représente un taux moyen de 20,4 cas pour 100 000 salariés. Entre 2014 et 2019, le taux de lésions bénignes et malignes indemnisées en région Paca n’a cessé d’augmenter passant respectivement de 1,7 maladies professionnelles pour 100 000 salariés en 2014 à 7,4 en 2019 et de 0,4 en 2014 à 5,1 en 2019. Le taux des lésions bénignes restant légèrement supérieur à celui des lésions malignes.

Entre 2014 et 2019, 98,7 % des maladies professionnelles indemnisées liées à l’amiante concernaient des hommes. Sur cette période, la branche d’activité « Chimie, caoutchouc, plasturgie » et de la « Métallurgie » était la plus touchée, ainsi que le secteur d’activité de « l’Industrie manufacturière ».

Il existe une surmortalité significative (14,3 %) par mésothéliome pleural chez les hommes en région Provence-Alpes- Côte d’Azur par rapport à la France. Par ailleurs, le taux de mortalité était plus élevé dans le Var et les Bouches-du-Rhône.

Source : Tableau de bord régional santé, sécurité et conditions de travail 2020

 

Une partie des patients atteints de mésothéliome dans notre région ne bénéficient pas de la reconnaissance de maladie professionnelle à laquelle ils pourraient prétendre (26% des assurés du régime général n’avaient fait aucune démarche sur la période 2005-2011). (pour aller plus loin : Programme national de surveillance du mésothéliome pleural (PNSM) : vingt années de surveillance des cas, de leurs expositions et de leur reconnaissance médico-sociale (France, 1998-2017))

conduite à tenir par risque : 

Repérer l’origine professionnelle d’une maladie liée à l’amiante

avril, 2021

Quelles sont les pathologies devant faire évoquer une exposition professionnelle à l’amiante ?

Pathologies liées à l’amiante inscrites dans des tableaux de maladie professionnelle

L’asbestose (fibrose pulmonaire simple ou compliquée), le cancer broncho-pulmonaire, les lésions de la plèvre (plaques pleurales, pleurésie, épaississement pleural ou cancer) et le mésothéliome de la plèvre, du péricarde ou du péritoine sont inscrites dans des tableaux de maladies professionnelles.

Maladies Système de réparation
Une asbestose : fibrose pulmonaire simple ou compliquée (insuffisance respiratoire aiguë, insuffisance ventriculaire droite) TRG 30-A
TRA 47-A
Un cancer broncho-pulmonaire TRG 30-C / TRG 30bis
TRA 47-C /TRA 47bis
Des lésions de la plèvre (plaques pleurales, pleurésie, épaississement pleural) TRG 30-B
TRA 47-B
Un mésothéliome de la plèvre, du péricarde ou du péritoine TRG 30-D/E
TRA 47-D/E 

TRG : Tableau de maladie professionnelle du Régime Général
TRA : Tableau de maladie professionnelle du Régime Agricole

Pathologies liées à l’amiante non inscrites dans des tableaux de maladie professionnelle

Depuis 2009, le rôle de l'amiante dans l'apparition de cancers du larynx et des ovaires a été confirmé par le Centre International de Recherche contre le Cancer (CIRC). Ces pathologies peuvent donc également faire rechercher une potentielle exposition professionnelle à l’amiante.

Symptômes devant faire rechercher une pathologie liée à l’amiante en cas d’exposition

Si votre patient présente une toux chronique inexpliquée, une douleur costale, une dyspnée, des râles crépitants, et qu’il a été exposé à l’amiante, il convient de rechercher les pathologies liées à l’amiante mentionnées ci-dessus.

Comment rechercher une exposition professionnelle à l’amiante ?

Demandez à votre patient s’il possède une attestation d’exposition à l’amiante (obligatoire depuis 1996).

  • Votre patient possède une attestation d’exposition à l’amiante :

Il est utile d’informer, par l’intermédiaire de votre patient, le médecin du travail qui a cosigné cette attestation

  • Votre patient n’a pas d’attestation d’exposition à l’amiante :

Il est utile de repérer les différents métiers à risque d’exposition à l’amiante éventuellement exercés par le patient en lui faisant remplir l'auto-questionnaire. Vous pouvez également lui demander s’il travaille ou a travaillé dans une des entreprises référencées sur les listes établies par le ministère.

En cas de difficultés à retracer les expositions professionnelles passées du patient (curriculum laboris), vous pouvez l’orienter vers le médecin du travail, si le patient est en activité, ou vers la consultation de pathologie professionnelle.

conduite à tenir par risque : 

Surveillance après exposition à l’amiante (sans pathologie) 

mai, 2021

Votre patient sait qu’il a été exposé à l’amiante ; il vous consulte pour surveillance.

  • Le patient est en activité professionnelle salariée : remettez un courrier pour le médecin du travail à votre patient pour prévoir la surveillance à effectuer (prise en charge de la surveillance par le service de prévention et de santé au travail, même si l’exposition n’a pas eu lieu dans l’établissement actuel) ;
  • Le patient est actif non salarié (travailleur indépendant, commerçant, artisan) : lui conseiller de se rapprocher des représentants de sa branche professionnelle
  • Le patient est inactif, retraité, demandeur d’emploi :
  • Si votre patient possède une attestation d’exposition, il peut bénéficier d’un suivi post-professionnel (SPP), en le demandant auprès de la CPAM. Une liste de pneumologues et de centres de radiologie lui sera alors remis pour mettre en place le suivi.
  • S’il n’a pas d’attestation d’exposition, il peut faire une demande de surveillance post-professionnelle auprès de son organisme de sécurité sociale, sur papier libre, accompagnée des certificats de travail retraçant sa carrière professionnelle.

Par ailleurs, étant donné l’effet conjoint entre exposition au tabac et amiante, il est recommandé de proposer à chaque personne un sevrage tabagique en cas de tabagisme actif.

Le patient peut contacter le centre spécialisé de référence amiante ou l’association des victimes de l’amiante la plus proche (consulter l’annuaire) pour être aidé dans ses démarches.

Le patient peut aussi demander à bénéficier de l’Allocation de cessation anticipée d’activité des travailleurs de l’amiante (CARSAT SE).


Suivi post-professionnel (SPP) après exposition à l’amiante : Haute Autorité de santé
Recommandations de la commission d’audition Avril 2010

En l’état actuel des connaissances, il n'y a pas de bénéfice médical démontré à effectuer un dépistage par l’examen TDM thoracique (scanner) des pathologies malignes (cancer broncho-pulmonaire et mésothéliome) et non malignes (plaques pleurales, asbestose, fibrose de la plèvre viscérale) chez les sujets ayant été exposés à l’amiante. Toutefois compte tenu du droit du sujet exposé à l'amiante de connaître son état de santé et de l’existence de dispositifs de réparation, un examen TDM thoracique est proposé dans le cadre du SPP, après la délivrance d’une information spécifique et l’obtention d’un consentement écrit et signé.

Les personnes doivent avoir été exposées de manière active pendant une durée minimale de 1 an cumulée avec une latence minimale de 30 ans pour les expositions intermédiaires et de 20 ans pour les expositions fortes. Le rythme de prescription du scanner thoracique est fonction de l’intensité d’exposition à l’amiante.

Examens

Expositions fortes

Expositions intermédiaires

Expositions faibles

Définition

  • Expositions élevées, continues et d’une durée supérieure ou égale à 1 an 
    Exemples : activités professionnelles entrant dans les secteurs 1 et 2 et leurs équivalents dans le secteur 3 (flocage et chantiers navals) 
  • Expositions élevées, discontinues et d’une durée supérieure ou égale à 10 ans 
    Exemples : mécaniciens rectifieurs de freins de poids lourds, tronçonnage de l’amiante-ciment

Toutes les autres situations d’exposition professionnelle documentée. La majorité entre dans le secteur 3.

Expositions passives 

Exemples : résidence, travail dans un local contenant de l’amiante floqué non dégradée

Premier scanner thoracique, après consentement écrit et signé

Proposé après une latence minimale de 20 ans après l’exposition

Proposé après une latence minimale de 30 ans après l’exposition

0

Scanners suivants

Tous les 5 ans après le scanner initial

Tous les 10 ans après le scanner initial

-

NB : Le scanner est réalisé sans injection, à haute résolution, en coupes millimétriques. Il est pratiqué lors du bilan de référence puis comme sus-cité. Pour l’asbestose, des coupes en procubitus sont nécessaires au moindre doute sur l’existence d’un syndrome interstitiel.

La pratique d’épreuves fonctionnelles respiratoires (EFR) ou d’une radiographie pulmonaire et les autres examens d’imagerie ne sont pas recommandés pour le dépistage des affections malignes ou non malignes associées à une exposition à l’amiante.

Consulter l’ensemble des recommandations de la HAS : http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2010-05/amiante_-_suivi_post-professionnel_-_recommandations.pdf

conduite à tenir par risque : 

Exposition au bruit

septembre, 2006

Caractéristiques du son

Un son devient un bruit lorsque sa perception acoustique est gênante ou désagréable.

Un son est caractérisé par : 

Sa hauteur

Elle est exprimée en fréquence, ce qui correspond à un nombre de vibrations durant une seconde ; elle est exprimée en Hertz (Hz). Plus la vibration est élevée plus le son est aigu. L’oreille humaine peut percevoir des sons allant de 20 Hz à 20 000 Hz. Les fréquences utilisées dans la conversation se situent entre 250 et 4 000 Hz, avec un maximum situé entre 1 000 et 2 000 Hz.

Son intensité

Elle est exprimée en décibel (dB) qui correspond au niveau de pression acoustique perçu par notre oreille. En acoustique, on utilise cette échelle de mesure logarithmique car le bruit varie dans des proportions très importantes. Ce niveau en dB ne reflète pas tout à fait la perception de l’oreille. Pour tenir compte de sa sensibilité particulière dans les fréquences moyennes, on utilise la pondération A (dB(A)), qui favorise la zone des 1000 Hz à 5000 Hz et atténue les basses fréquences.

Lorsque deux machines produisent un niveau sonore de 85 dB(A) chacune, le total de l’ensemble nous donne un niveau de pression acoustique de 88 dB(A) soit 3 dB de plus ; sur l’échelle logarithmique, une augmentation de 3 dB nous indique que le bruit a doublé. 

Les principaux travaux et activités professionnelles exposant les travailleurs aux bruits excessifs sont :

Travaux et activités professionnelles  Niveau sonore en dB(A) 
Moteur d'avion (sur banc d'essai)  125-130 
Rivetage par outils pneumatiques (industrie mécanique), forgeage, estampage  115-120 
Marteaux pneumatiques (BTP)  110-115 
Concassage (carrières)  100-110 
Chaudronnerie, soudage  100-110 
Scies circulaires (menuiserie)  100-105 
Machines de menuiserie  100-105 
Rotatives (imprimerie), tréfilerie  95-100 
conduite à tenir par risque : 

La nocivité du bruit

septembre, 2006

Elle est liée aux :

Caractères du bruit

  • la qualité du bruit (les hautes fréquences sont plus difficilement supportables que les basses fréquences) ;
  • la pureté (un son pur de grande intensité est plus traumatisant pour l'oreille interne qu'un bruit à large spectre) ;
  • l'intensité (seuil de douleur : 120 dB, au delà duquel les tympans peuvent subir des lésions importantes / brutales (phénomène de blast)) ;
  • l'émergence et le rythme du bruit (un bruit impulsionnel ayant un caractère soudain et imprévisible est plus nocif qu'un bruit stable et continu) ;
  • la durée d'exposition (pour une même ambiance sonore, plus la durée d'exposition est élevée plus les lésions auditives de l'oreille interne seront considérables) ;
  • l'association avec les vibrations (l'exposition au bruit industriel associée aux vibrations aggrave le traumatisme sonore chronique).

Facteurs individuels et état fonctionnel

  • l'âge : la fragilité cochléaire au bruit s'accroît avec l'âge ; elle devient plus marquée au-delà de 50 ans (presbyacousie) ; 
  • la susceptibilité individuelle ; 
  • la fragilisation antérieure de l'oreille : elle peut être provoquée par des affections de nature microbienne ou virale, traumatique, toxique (ototoxiques médicamenteux ou industriels) ou être héréditaire (hypoacousie familiale).
conduite à tenir par risque : 

Conséquences pathologiques du bruit

septembre, 2006

Signes auditifs

Au début, apparaît une fatigue auditive associant acouphènes, céphalées et vertiges, puis une gêne de l'intelligibilité de la voix chuchotée. En cas de persistance du bruit / de protection insuffisante, la surdité s’installe. Consulter la fiche « surdité ».

Signes extra-auditifs

Au début, des signes fonctionnels non spécifiques peuvent attirer votre attention, tels que :

  • Effets neuropsychiques et cognitifs :

    • céphalées, irritabilité, anxiété, troubles de l'humeur, troubles de la concentration, de la mémoire, altération des fonctions cognitives, diminution de la vigilance, troubles du comportement, baisse de l'adaptation aux tâches à exécution rapide. 
    • perturbation du sommeil : diminution du sommeil paradoxal, réveils nocturnes. 
  • Effets cardiovasculaires : modification du rythme cardiaque, augmentation de la fréquence cardiaque, de la pression artérielle diastolique, de la fréquence respiratoire, vasoconstriction. 
  • Effets digestifs : troubles peu spécifiques de type dyspepsique, hypersécrétion gastrique. 
  • Effets visuels : vision nocturne perturbée, difficulté pour apprécier la profondeur, les contrastes, dilatation pupillaire... 
  • Effets hormonaux : élévations des corticoïdes, des catécholamines, tendance à l'hypoglycémie.
conduite à tenir par risque : 

Devant un patient exposé ou ayant été exposé aux poussières de bois

juin, 2011

Votre patient a une des maladies citées ci-dessus

  1. Interroger votre patient sur ses conditions de travail actuelles et passées (nombre d’années d’exposition aux poussières de bois).
  2. Lui demander s’il a un médecin du travail.
  3. Si oui, contacter le médecin du travail par l’intermédiaire du patient (courrier) pour avis sur l’origine professionnelle des symptômes.
  4. S’il n’a pas de médecin du travail, l’adresser à la Consultation de pathologie professionnelle.
  5. Si l’origine professionnelle est évoquée, proposez à votre patient de faire une déclaration de maladie professionnelle même s’il existe d’autres facteurs de risque extraprofessionnels

    Rappel du principe de présomption d’origine
    Comment déclarer une maladie professionnelle

Une attention particulière sera portée aux apprentis et aux jeunes exerçant les métiers du bois, souvent plus exposés et mal informés.

Surveillance à distance d’une personne ayant été exposée aux poussières de bois (sans pathologie)

Cette surveillance a pour objectif de dépister précocement une pathologie tumorale :

  • Si le patient est toujours en activité professionnelle salariée, mais n'est plus exposé, il est conseillé d’échanger avec son médecin du travail sur les modalités du suivi médical à effectuer et de sa réalisation ;

  • Si le patient est actif non salarié (travailleur indépendant, artisan) : lui conseiller de se rapprocher des représentants de sa branche professionnelle. S’il n’a pas de suivi organisé, ce sont le médecin traitant et son correspondant ORL qui effectuent la surveillance (voir ci-après) ;

  • Si le patient est inactif, retraité, demandeur d’emploi :
    • Si le patient possède une attestation d’exposition, il peut bénéficier d’un suivi post-professionnel ;
    • S’il n’a pas d’attestation d’exposition, il peut faire une demande de surveillance post-professionnelle auprès de son organisme de sécurité sociale, sur papier libre, accompagnée des certificats de travail retraçant sa carrière professionnelle.

Suivi médical du travailleur du bois, au-delà de sa vie professionnelle (inactivité, invalidité, retraite) : Recommandations, janvier 2011

Extraits des recommandations de la Société Française de Médecine du travail en collaboration avec, la Société Française d’Oto-rhino-laryngologie, la Société Française du Cancer et la Société Française de Santé Publique, label conjoint de la Haute autorité de santé et de l’Institut national du cancer.
Ces recommandations sont émises pour la période 2011-2015 et devront ensuite être actualisées.

Seul un dépistage chez le sujet asymptomatique permet de détecter des tumeurs à un stade précoce.

  1. Comment repérer les symptômes ?
    -> Consulter le questionnaire de repérage issu de l'avis d'experts
  2. Quelle population cible du dépistage ?
    -> Ce suivi concerne les personnes encore en activité ou retraitées ayant effectué il y a plus de trente ans des activités professionnelles exposant aux poussières de bois pendant plus de 12 mois cumulés, lors de tâches d'usinage (sciage, fraisage, rabotage, perçage, ponçage) ou lors de toute activité documentée exposant à une concentration de poussières de bois de plus de 1 mg/m3 mesurée sur 8 heures.
  3. Quels examens de dépistage à prescrire par le médecin généraliste sous réserve de l'accord du patient ?
     
Type d'examen Fréquence Recommandation
Examen médical avec recherche de signes fonctionnels ORL* Tous les
2 ans
Recommandé,
mais ces signes fonctionnels
tardifs ne permettent pas un
diagnostic à un stade
précoce de la maladie
Radiographie des sinus de la face - Non recommandée
Tomodensitométrie des sinus de la face - Non recommandée
Imagerie par résonance magnétique des sinus de la face - Non recommandée
Nasofibroscopie Tous les
2 ans
Recommandée

* Pour les artisans travailleurs du bois, en l’absence de médecine du travail, le suivi peut être effectué dans le cadre de conventions passées entre le Régime Social des Indépendants et le médecin généraliste ou dans d’autres structures sanitaires.
 

 

conduite à tenir par risque : 

Les pathologies liées aux poussières de bois

juin, 2011

Une exposition aux poussières de bois est à évoquer devant :

Des symptômes Des maladies Système de réparation
Oculaires : Conjonctivites récidivantes ou confirmées par test TRG 47-A
TRA 36-A
ORL : Rhinite récidivante ou confirmée par test TRG 47-A
TRA 45
Adénocarcinome nasosinusien
Voir NB
TRG 47-B
TRA 36-C
Carcinome du nasopharynx TRG 43bis
Respiratoires : - Syndrome respiratoire (toux, dyspnée, expectorations) récidivant ou confirmé par test

- Asthme récidivant ou confirmé par test

- Fibrose pulmonaire

TRG 47-A
TRA 45
Cutanés : - Dermite irritative

- Eczéma de contact allergique

TRG 47-A
TRA 36-A
TRA 36-B

TRG : Tableau de maladie professionnelle du Régime Général
TRA : Tableau de maladie professionnelle du Régime Agricole
 

Tout symptôme unilatéral au niveau des fosses nasales doit faire rechercher un adénocarcinome nasosinusien (ethmoïde) :

  • épistaxis,
  • rhinorhée,
  • obstruction nasale (tumeur ou polype réactionnel masquant un carcinome),
  • troubles de l’odorat (hyposmie ou anosmie).

D’autres symptômes sont moins fréquents : céphalées, algies faciales.

Toute exposition prolongée même ancienne aux poussières de bois doit rendre encore plus vigilant.
D’autres expositions professionnelles peuvent provoquer un adénocarcinome de l’ethmoïde.

conduite à tenir par risque : 

Les risques associés au travail du bois

juin, 2011

Outre l’exposition aux poussières de bois, le travail du bois expose à plusieurs risques (co-exposition) :

Le port de charge lourde et les vibrations , pourvoyeurs de troubles musculo-squelettiques

Le bruit, pourvoyeur de surdité

La manipulation de produits chimiques pouvant provoquer différentes pathologies irritatives, allergiques, cancers… :

conduite à tenir par risque :