Repérer l’origine professionnelle d’un cancer

Mise à jour : 
mai 2019

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Les agents cancérogènes dans l’environnement de travail

On distingue 3 types d’agents cancérogènes :

  • les agents physiques (radiations ionisantes, radiations UV),
  • les agents chimiques (amiante, benzène, silice, certaines substances minérales telles que les fibres d’amiante…)
  • les agents biologiques (certains virus ou parasites).

De nombreux agents cancérogènes peuvent être présents dans l'environnement de travail.

Les cancers liés à l’exposition à l’amiante, au benzène, aux rayonnements ionisants et aux poussières de bois couvrent à eux seuls, 98 % des cancers d’origines professionnelles indemnisés.

Tous les secteurs d’activités et métiers peuvent être concernés.
Certains sont plus concernés que d’autres :

  • métiers du bâtiment et des travaux publics (amiante, silice cristalline, huiles minérales, suies, fumées de soudage...)
  • mécaniciens, garagistes (huiles minérales, amiante, benzène, HAP, diesel…)
  • nettoyage à sec (perchloroéthylène…)
  • travail du bois (poussière de bois, formaldéhyde)
  • personnels de santé, laboratoires de recherche(radiations ionisantes, UV, formaldéhyde, dérivés du chrome VI…)
  • peintres (silice cristalline, dérivé du plomb, trichloroéthylène, amiante)
  • agriculture et viticulture (arsenic, organochlorés, micotoxines…)
  • métiers de la sidérurgie, de la métallurgie, fonderie (amiante, huiles minérales, goudrons, suies et dérivés de combustion de charbon, cadmium, nickel...)
  • métiers des cuirs et peaux (arsenic, chrome…)
  • construction et réparation navale (amiante, fumée de soudage…).

Cette liste n’est pas exhaustive ; elle est donnée à titre indicatif dans « Cancers professionnels : pourquoi et comment déclarer en maladie professionnelle ? », Outils pour les professionnels de santé de l’Institut National du Cancer.

Médecin traitant : face à un cancer, pensez à évoquer une origine professionnelle 

Le patient bénéficie de prestations et d’une protection sociale accrues en cas de cancer reconnu en maladie professionnelle (Droits et devenir du patient).

Il existe également un intérêt collectif à ce que les maladies professionnelles soient identifiées : celui d’en améliorer la connaissance et ainsi d’asseoir une politique de prévention en entreprise plus efficace. 

Il existe des aides pour accompagner le patient dans ses démarches ainsi que des ressources pour le médecin traitant ; elles sont décrites ci-dessous. 

A savoir pour évoquer une origine professionnelle face à un cas de cancer 

Face à tout cas de cancer, le médecin traitant doit poser des questions sur les professions exercées par son patient. Il est important d’interroger le patient sur son passé professionnel également, du fait du délai de latence élevé entre l’exposition et l’apparition de la maladie.

Le système de reconnaissance des maladies professionnelles pour les pathologies inscrites dans un tableau de maladies professionnelles repose sur le principe de présomption d’imputabilité : les conditions du tableau sont nécessaires et suffisantes pour que l’origine professionnelle soit reconnue et ce, quel que soit le mode de vie du patient par ailleurs et sans avoir à faire la preuve de la relation entre la maladie et l'exposition professionnelle. A titre d’exemple, le tabagisme actif du patient ne fera pas obstacle à la reconnaissance d’un cancer de la vessie en maladie professionnelle, si celui-ci a travaillé, en cokerie il y a moins de 20 ans et pendant une période minimum de 10 ans, comme indiqué dans le tableau TRG 16 bis. 

En dehors de ces conditions, un cancer peut être reconnu en maladie professionnelle grâce au système complémentaire de reconnaissance (Comité Régional de Reconnaissance des Maladies Professionnelles ou CRRMP), basé sur la démonstration d’un lien direct et essentiel de causalité avec l’activité professionnelle (Les systèmes de reconnaissance des maladies professionnelles)

Quelles questions pour interroger le patient sur ses activités professionnelles ?

Devant tout cas de cancer, compte-tenu du délai de latence, pensez à poser des questions sur la profession actuelle mais aussi sur le passé professionnel de votre patient, par exemple :

Quels métiers avez-vous exercé ?

Avez-vous été exposé à des produits chimiques ?

Avez-vous respiré des poussières ou des vapeurs/fumées ? de bois ? de soudure ? d’huiles ? …

Avez-vous été exposé à des rayonnements ? à des microbes ou des virus (hépatites B et C) ?
Avez-vous été exposé à de l’amiante  ?

Avez-vous été exposé à un de ces produits ? 

  • Aldéhyde formique (formol)
  • Amiante
  • Amines aromatiques
  • Arsenic
  • Benzène
  • Bischlorométhylether
  • Chlorure de vinyle
  • Chrome (composés)
  • Goudrons, huiles, brais de houille, suies de combustion du charbon
  • Huiles minérales
  • Nickel (grillage des mattes)
  • Nitrosourées
  • Oxyde de fer (fumées et poussières)
  • Poussières de bois
  • Rayonnements ionisants
  • Silice cristalline...
Lors des visites auprès de la médecine du travail vous a –t-on déjà parlé d’un risque de cancer lié à une exposition professionnelle ?
Si vous avez quitté l’entreprise vous a-t-on remis, à votre départ , un document sur une éventuelle exposition à un produit dangereux (une attestation d’exposition à des produits dangereux pour les expositions antérieures au 1er février 2012 ou une fiche de prévention des expositions au facteur de pénibilité « Risque chimique » utilisée jusqu’au 1er octobre 2017)? 
Vous a-t-on recommandé de continuer un suivi médical après la fin de l’exposition ?
D'autres collègues de travail occupés aux mêmes types de postes souffrent-ils de cancers ?

Les aides possibles pour le médecin traitant qui évoque une origine professionnelle face à un cas de cancer 

En cas de difficultés à retracer les expositions professionnelles du patient, la consultation de pathologie professionnelle peut constituer une aide pour le médecin traitant, qui peut y adresser son patient ; ce dernier pourra également y être accompagné dans ses démarches médico-administratives.

Si le patient est encore en activité et s’il ne s’y oppose pas, vous pouvez également l’orienter vers son médecin du travail, pour avis, lors d’une visite occasionnelle (Où et quand contacter le médecin du travail).