Dans la plupart des milieux de travail, le diabète ne représente pas un risque grave pour le patient (ni pour les autres salariés), surtout si son diabète est bien pris en charge et stabilisé.
Dans certains cas, des effets induits par le diabète (troubles de la conscience, perte de connaissance, perte de la sensibilité…) peuvent néanmoins conduire à des situations à risques pour le salarié diabétique et pour ses collègues de travail ou les personnes situées dans l’environnement proche du salarié (ex : chauffeur Poids Lourd faisant un malaise au volant).
C’est la raison pour laquelle certaines professions/fonctions sont aujourd’hui d’accès limité voire interdit, pour des personnes atteintes de diabète ou de ses formes sévères.
Emplois interdits du fait du risque de déséquilibre glycémique
Certains métiers sont interdits aux patients diabétiques traités par hypoglycémiant pour des raisons de sécurité et/ou de sureté liées au risque de malaises hypoglycémiques :
- L’armée
- Le réseau ferré national
- La sûreté nationale et les douanes
- L’aviation et la marine civile et commerciale
- La sécurité civile et les secours
- La surveillance pénitentiaire
- Les plongeurs professionnels et scaphandriers
Cette liste n’est pas exhaustive et définitive. Par ailleurs, certains arrêtés sont aujourd’hui remis en cause et des propositions de lois visant à adapter ces réglementations à chaque cas sont actuellement en cours d’examen. La fédération nationale des diabétiques est très impliquée dans ces démarches et détaille ses avis et recommandations dans son livre blanc « Diabète et travail, propositions pour en finir avec les discriminations »
Pour aller plus loin : Professions réglementées en cas de diabète
Quelques conseils pour le médecin généraliste confronté à des jeunes enfants/adolescents diabétiques pour leurs choix professionnels futurs
Un jeune adulte ou un adolescent qui déclare un diabète alors qu’il est dans la pleine construction de son parcours de vie (tant personnellement que socialement ou professionnellement) peut se retrouver confronté à de nombreux bouleversements dans sa vie quotidienne lorsque la maladie apparait. Par ailleurs, certaines opportunités/vocations professionnelles (métiers/fonctions, …) peuvent subitement lui devenir interdites, de par sa maladie.
Le médecin généraliste peut d’ores et déjà sensibiliser et informer le jeune sur la compatibilité de ses aspirations professionnelles et de sa maladie. Il peut également inviter le jeune très précocement à suivre une éducation thérapeutique (ETP) portant les facteurs influant sur sa maladie (alimentation/activité physique/rythme de vie/travail), et à se renseigner auprès d’associations.
Postes de travail contre-indiquées du fait du risque de déséquilibre glycémique
Certains postes de travail peuvent être contre-indiquées chez un patient présentant un diabète non stabilisé (malaises dus à un déséquilibre glycémique) :
- Postes nécessitant une sécurité/vigilance accrue : travail en hauteur, travail sur machine dangereuse, contact avec des courants haute tension, sites d’exercice à risque (SEVESO, nucléaire…) …
- Poste de travail isolé
- Enfin, certains métiers nécessitent l’obtention d’un permis de conduire ou d’une attestation de conduite fournie par l’employeur (Certificat d'aptitude à la conduite en sécurité ou CACES) :
- soit d’un véhicule léger (Permis B)
- soit d’un engin de chantier (chariot élévateur (CACES), grue (permis C + CACES), …)
- soit d’un poids lourds (Permis C) ou transport en commun (permis D)
Cette liste n’est pas exhaustive. En effet c’est le médecin du travail qui détermine au cas par cas l’aptitude au poste de travail du salarié, en fonction de sa connaissance du poste de travail et du risque de malaise du patient (en fonction de l’équilibre de son diabète et de ses traitements).
! Une évaluation n’est jamais définitive : dans les cas où le diabète apparaît ou s’aggrave dans le cours de l'exercice de ces professions, il appartiendra au médecin du travail d'établir si le poste occupé est compatible avec le diabète.
Le suivi des personnes diabétiques actives par le médecin du travail est donc indispensable pour prendre en compte l’évolution de la maladie (modification du traitement, problème de stabilisation du diabète, apparition ou aggravation de complications, addition de pathologie concomitante, …) et celle du poste de travail.
Facteurs favorisant les déséquilibres glycémiques
Plusieurs éléments peuvent jouer un rôle défavorable sur l’équilibre du diabète :
- Travail posté, travail de nuit : variabilité des horaires et donc des contraintes en termes d'horaires d'alimentation et de contrôle de la glycémie
- Déplacements avec décalages horaires
- Difficultés pour faire des repas équilibrés (Attention aux repas d'affaires qui sont parfois trop riches)
- Facteurs de risque psycho-sociaux : Stress, attention soutenue …
- Efforts physiques intenses
- Environnement de travail : exposition à la chaleur… (Attention, peut avoir un impact sur le fonctionnement d’une à pompe à insuline ou d’un capteur glycémique)
- Possibilité (ou non) d’effectuer des autocontrôles de la glycémie
Tous ces éléments sont étudiés au cas par cas par le médecin du travail, en prenant toujours en compte l’avis du salarié diabétique.
Connaitre les contraintes du travail et du salarié permet au médecin du travail et au médecin traitant de les intégrer en s'interrogeant sur la façon d'adapter le traitement, les horaires des repas et la pratique d'une activité physique.
Les limitations de travail dues aux complications
Le diabète est une maladie pouvant évoluer tout au long de la vie professionnelle de votre patient. Sa situation nécessite donc d’être réévaluée régulièrement par son médecin du travail, en particulier en cas de survenue de complications associées au diabète. Celles-ci peuvent en effet nécessité des adaptations voire un changement de poste de travail.
- Troubles visuels : certains métiers (métiers de l’horlogerie, mécanique de précision, …) nécessitent une excellente acuité visuelle qui peut évoluer négativement dans le temps en cas de complications liée à la maladie et mettre le salarié en grande difficulté dans l’exercice de ses taches.
- Risque infectieux : certains métiers peuvent exposer les diabétiques à des complications infectieuses en augmentant le risque de plaie ou en les exposant directement à des agents infectieux.
- Risques associés à une insensibilité des pieds due à une neuropathie périphérique : certains postes de travail peuvent être plus risqués du fait de l’altération de la capacité de conduire, du risque majoré de blessures et d’infections, de la perte de sensibilité à la chaleur ou au froid …
- Risques cardiovasculaires : certains postes de travail peuvent être plus risqués du fait du risque de malaises, en cas de station debout prolongée (AOMI) ou de travail physique (amputations)
- Risque rénal : le travail physique est rendu difficile en cas de dialyse