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Sein

Mise à jour :
26 février 2025

Le cancer du sein est la 1ère cause de cancer chez la femme avec un nombre de nouveaux cas diagnostiqués en France en 2023 estimé à 61 214 (INCA, 2024). C’est aussi la 1ère cause de décès par cancer chez les femmes. Il s’agit toutefois d’un cancer de bon pronostic avec une survie à 5 ans de plus de 85 %.

Le cancer du sein : une maladie multifactorielle

Le cancer du sein est une maladie multifactorielle. 

  • Certains facteurs de risques sont avérés comme étant en lien avec le risque de développer un cancer du sein : le sexe, l’âge, les antécédents (prédispositions génétiques, antécédents personnels ou familiaux de cancer du sein), les hormones naturelles au cours de la vie, la contraception  oestroprogestative, le traitement hormonal de la ménopause ou encore des facteurs de risques comportementaux et habitudes de vie (la consommation d’alcool, le tabagisme, une alimentation déséquilibrée, le manque d’activité physique, le surpoids, l’obésité).
  • D’autres facteurs de risques sont suspectés ou probables mais les données disponibles sont encore insuffisantes pour conclure à l’existence d’un lien causal avec le cancer du sein. Il s’agit notamment de facteurs environnementaux ou encore de facteurs de risques professionnels que nous développerons dans cette fiche ci-après.

Expositions professionnelles suspectées d’augmenter le développement d’un cancer du sein 

Trois expositions professionnelles sont particulièrement identifiées

Travail de nuit, travail posté ou en horaires atypiques

En 2007, le centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé le travail posté qui induit la perturbation des rythmes circadiens, comme « cancérogène probable » (groupe 2A).

Le travail posté désigne « tout mode d’organisation du travail en équipe selon lequel des travailleurs sont occupés successivement sur les mêmes postes de travail, selon un certain rythme, y compris rotatif, de type continu ou discontinu, entraînant pour les travailleurs la nécessité d’accomplir un travail à des heures différentes sur une période donnée de jours ou de semaines ». Le travail posté, comme par exemple les 3x8, 2x8, 2x12, fait partie des organisations temporelles atypiques et inclut souvent un poste horaire de nuit.

Le travail de nuit est défini par le Code du travail « comme tout travail effectué au cours d’une période d’au moins neuf heures consécutives comprenant l’intervalle entre minuit et 5 heures. La période de travail de nuit commence au plus tôt à 21 heures et s’achève au plus tard à 7 heures. » (en savoir plus).

Un salarié est considéré comme travailleur de nuit s'il remplit l'une des conditions suivantes :

  • Travaille au moins 2 fois par semaine, selon son horaire de travail habituel, au moins 3 heures sur la période de travail de nuit
  • Effectue 270 heures de nuit sur une période de référence de 12 mois continus.

En 2016, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) via un rapport d’expertise collective a conclu à un effet probable du travail de nuit sur le risque de cancer du sein[1].

En 2018, l’Inserm apporte de solides arguments en faveur d’un lien entre le travail de nuit et le cancer du sein grâce à l’analyse de 5 études au niveau international. Elles montrent que parmi les femmes non ménopausées, le travail de nuit (défini comme un travail d’au moins trois heures entre minuit et 5 h du matin) augmente de 26% le risque de cancer du sein. Le risque semble particulièrement augmenté chez les femmes qui ont travaillé plus de 2 nuits par semaine pendant plus de 10 ans. Les résultats montrent également que le risque diminue après l’arrêt du travail de nuit[2].

En 2019, le CIRC a évalué le travail de nuit comme un facteur de risque probable d’apparition du a cancer du sein en s’appuyant notamment sur une cohorte concernant la santé des infirmières « Nurses’ Health Study II ». Le travail de nuit est classé aujourd’hui par le CIRC comme cancérogène probable car les preuves restent limitées en raison du manque d’études portant sur les êtres humains[3].

Exposition aux rayonnements ionisants

Les rayonnements ionisants sont des agents cancérogènes reconnus. Il s’agit des effets dits stochastiques (ou aléatoires), en lien avec la génotoxicité des rayonnements ionisants. Ces effets sont différés, pouvant se manifester des années après l’exposition chronique, non systématiques mais leur probabilité d’apparition augmente avec la dose. (cf. fiche conduite à tenir sur les Expositions aux rayonnements ionisants).

Le CIRC a classé en 2012, les rayonnements ionisants comme cancérogènes avérés avec un lien causal pour le cancer du sein. Ce lien a pu être mis en évidence grâce aux études de suivi des survivants de la bombe atomique[4] et des personnes ayant reçu un traitement par radiothérapie pour un premier cancer[5].

Pour autant, le lien entre cancer du sein et expositions professionnelles aux rayonnements ionisants n’a pas été établi de façon significative.

Les produits chimiques

Les produits chimiques suspectés d’être des facteurs de risque de cancer du sein appartiennent principalement à la famille des perturbateurs endocriniens. En effet, ceux-ci agissent en perturbant les fonctions hormonales de l’organisme, notamment celles en lien avec les œstrogènes naturels pour le cancer du sein.

Certains pesticides comme la dieldrine ont été mis en cause mais sans établir un lien causal avec le cancer du sein.

A noter que, même si très rare, le cancer du sein peut toucher les hommes (0,5 à 1 % des cancers du sein). Une étude a notamment établi un lien entre cancer du sein et exposition professionnelle aux solvants organiques (benzène et au trichloréthylène)[6].

Cancers du sein et maladies professionnelles

Les cancers du sein ne font actuellement pas l’objet de tableau de maladie professionnelle. Toutefois plusieurs études montrent qu’une part de ces cancers pourrait être liée à certaines expositions professionnelles. Pour les maladies hors tableaux, il appartient au comité régional de reconnaissance des maladie professionnelle (CRRMP) de se prononcer sur un lien direct et essentiel entre une exposition professionnelle et la maladie déclarée.

A ce jour, les données du CIRC ne permettent pas au CRRMP d’argumenter de façon formelle sur l’existence d’un lien direct et essentiel entre la survenue d’un cancer du sein et une exposition professionnelle.

Néanmoins, selon l’évolution des données du CIRC, si vous pensez qu’un lien pourrait être établi entre le cancer du sein de votre patiente et son exposition professionnelle (présente ou passée), il est possible de faire une demande de reconnaissance en maladie professionnelle auprès du CRRMP (si le cancer du sein entraine un taux d’incapacité permanente prévisible d’au moins 25 % ou est à l’origine du décès de votre patiente).

A noter qu’en 2023, une première reconnaissance d’un cancer du sein en maladie professionnelle en France a été établie chez une ancienne infirmière en raison d'un lien avéré entre l'exercice de son travail pendant la nuit et sa maladie. Certains pays européens comme le Danemark ont reconnu dès 2008 en maladie professionnelle, des cas de cancers du sein qui seraient liés au travail de nuit.

Si un lien est suspecté mais complexe à démontrer, vous pouvez orienter votre patiente vers son médecin du travail si elle est toujours en activité ou vers le centre régional des pathologies professionnelles et environnementales (CRPPE) si votre patiente n’a pas de médecin du travail ou est à la retraite.

Rappel des recommandations de dépistage – suivi post-exposition

Pour rappel, le cancer du sein fait l’objet d’un dépistage organisé pour toutes les femmes à partir de 50 ans : pour en savoir plus sur les modalités, cliquer ici.

A noter, qu’il est recommandé de réaliser un examen clinique annuel par un professionnel de santé à partir de 25 ans pour toutes les femmes.

L’HAS ne recommande pas actuellement un dépistage spécifique pour les femmes ayant un travail de nuit ou ayant travaillé de nuit[7].

En cas de suivi post-exposition à un ou des agents cancérogènes : pour en savoir plus, consultez la page « Conduite à tenir pour la surveillance médicale des patients ».